- empoisonnement
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• 1230; « poison » 1175; de empoisonner1 ♦ Ensemble de troubles consécutifs à l'introduction d'un poison dans l'organisme (surtout par la bouche). ⇒ intoxication. Empoisonnement dû à des champignons vénéneux.♢ Administration de substances toxiques dans l'intention de donner la mort. « Votre renommée infâme de meurtre et d'empoisonnement » (Hugo).2 ♦ (1946) Fam. (surtout plur.) Ennui, embêtement. ⇒ emmerdement. « J'avais déjà suffisamment d'empoisonnements comme ça » (Cl. Simon).Synonymes :- embêtement (familier)- tracasempoisonnementn. m.d1./d Fait d'être empoisonné, intoxication. Un empoisonnement dû à des denrées avariées.d2./d Action d'empoisonner volontairement (qqn). L'empoisonnement est un crime.d3./d Fam. Ennui, contrariété.⇒EMPOISONNEMENT, subst. masc.A.— Domaine concr.1. Fait d'intoxiquer ou d'être intoxiqué par absorption d'un poison.a) [Subi par une pers.]— DR. Attentat à la vie (de quelqu'un) au moyen de substances toxiques. Tentative d'empoisonnement. Les princes de l'Italie étaient de petits tyrans qui, d'ordinaire, avaient usurpé le pouvoir par des assassinats, des empoisonnements, ou, du moins, par des violences et des trahisons (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 168). À la cour du Grand Mongol, où les empoisonnements et les distributions « d'eau d'opium », les disparitions mystérieuses étaient quotidiens (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 13) :• 1. Quant aux projets d'empoisonnement, elle les invente. Robert ne saurait vouloir assassiner Anne-Marie d'abord et la rabaisser ensuite. Pourquoi se servirait-il du poison quand il n'a qu'à attendre pour reparaître aux Escures et tout avoir?POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, p. 81.— MÉDECINE♦ [Avec compl. prép. par désignant le moyen] Intoxication capable de provoquer la mort ou d'altérer la santé (d'un organisme). Empoisonnement par le curare, l'arsenic, la belladone; les champignons ont causé l'empoisonnement de plusieurs personnes. Synon. intoxication. Un matin (...) elle [Félicité] le trouva [le perroquet] mort (...). Elle crut à un empoisonnement par le persil (FLAUB., Trois contes, Cœur simple, 1877, p. 37). Cette forme de polynévrite s'observe dans les intoxications ou les empoisonnements par sel d'arsenic (QUILLET, Méd. 1965, p. 364) :• 2. ... il y aurait vraiment à faire avec le concours des spécialistes une enquête sur les effets de l'empoisonnement par la ciguë.GONCOURT, Journal, 1889, p. 1056.♦ [Sans compl.] Symptôme, effet d'empoisonnement. Les empoisonnements localisés (...) constituent de précieux moyens d'analyse physiologique (C. BERNARD, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 165). Quant à Monsieur le Marquis, il était souffrant, oui, souffrant, oh! une simple grippe intestinale, un petit empoisonnement (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 232).— P. méton., vx. Substance capable de provoquer un empoisonnement. Préparer des empoisonnements. Synon. poison. Ce ci-devant abbé Reniant (...) ne se livrait point par amour du gain à ces fabrications cachées de remèdes, qui pouvaient être des empoisonnements (BARB. D'AUREV., Les Diaboliques, Paris, Gallimard, 1874, p. 252). Depuis quelques temps, heureusement, il y a une tendance à réagir contre ces empoisonnements cachetés [les vins falsifiés], achetables aussi chez les épiciers et couverts d'étiquettes mirobolantes (L. DAUDET, Homme et poison, 1925, p. 133).b) P. anal. L'empoisonnement de l'atmosphère, des rivières. Synon. pollution. L'empoisonnement de l'atmosphère par la radioactivité, et par suite la destruction de toute vie sur terre, est entré dans le domaine des possibilités techniques (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 190).2. P. ext. Exhalation de mauvaises odeurs. Empoisonnement des égouts, des canivaux. Synon. puanteur, pestilence. Des parfums de savons, descendus des loges y coupaient (...) l'empoisonnement des haleines (ZOLA, Nana, 1880, p. 1206).B.— Au fig.1. [Avec une idée de dégradation] Marc (...) restait stupéfait, anéanti, de l'empoisonnement, de l'état de mensonge et d'erreur dans lequel croupissait la population (ZOLA, Vérité, 1902, p. 165). S'il est un résultat durable de la psychanalyse en ces matières, c'est qu'il existe un empoisonnement par l'oubli moral comme il est un empoisonnement par l'obsession coupable (MOUNIER, Traité caract., 1946, pp. 706-707).2. [Avec une idée d'avilissement] Empoisonnement des esprits, des cœurs. Synon. corruption. Que « le petit Beaumontais » ait publié les ignobles et lâches articles que vous savez, ces délations, ces calomnies ramassées dans la boue, il y a là un crime, l'empoisonnement sournois d'un peuple (ZOLA, Vérité, 1902, p. 107). Comme nous nous comprendrions mieux, aujourd'hui!... l'empoisonnement par l'argent (...). Sans la guerre, j'étais foutu (...) J'en étais arrivé à croire que tout s'achète (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 820).3. Pop., fam. Ennui, embêtement, tracasserie. N'avoir que des empoisonnements. Synon. emmerdement (pop.), soucis, tracas. Quel empoisonnement! je vais être terriblement en retard. Vous verrez que le patron m'aura juste fait appeler pendant ce temps-là (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 9) :• 3. Mme Pradonet racontait de vagues choses de sa vie quotidienne, le propriétaire qui était discourtois, le chat qui était foirard, la clientèle enfantine qui avait du goût pour la mystification et la chapardise; bref, tous les petits empoisonnements d'une vie tranquille.QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 93.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1175 « poison » (JEAN LE NEVELON, La Venjance Alixandre, éd. des Elliott Monographs, 1535); 1230 « action d'empoisonner » (Gaidon, 159 ds T.-L.); 2. 1853 « corruption de l'esprit, du cœur » (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, p. 177 : l'empoisonnement du cœur); 3. 1890 « ennui, souci » (GONCOURT, Journal, p. 156 : empoisonnement de la vie). Dér. de empoisonner; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. :219. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 299, b) 555; XXe s. : a) 346, b) 170. Bbg. ROG. 1965, p. 110.
empoisonnement [ɑ̃pwazɔnmɑ̃] n. m.ÉTYM. 1230; « poison », 1175; de empoisonner.❖1 Ensemble de troubles consécutifs à l'introduction d'un poison dans l'organisme. ⇒ Intoxication. || Empoisonnement par des acides, par des alcalins, par des substances végétales (aconit, belladone, cantharide, digitale, morphine, strychnine, etc.), par un gaz (asphyxie). || Empoisonnement alimentaire (⇒ Botulisme), par des toxines (⇒ Toxémie), par l'alcool (⇒ Alcoolisme), par le tabac (⇒ Nicotinisme). || Empoisonnement dû à des champignons. || Empoisonnement qui n'agit (cit. 33) qu'après un certain temps. || Symptômes d'empoisonnement (abattement, collapsus, salivation, constipation ou diarrhée, convulsions, faiblesse des battements cardiaques). || Vomitifs, purgatifs, remèdes immédiats à l'empoisonnement.1 (…) il est acquis depuis longtemps, il est indéniable que l'alcoolisme est un empoisonnement (…) l'empoisonnement le plus menaçant, le plus dangereux pour l'avenir du monde civilisé.Ch. Péguy, la République, p. 55.♦ Meurtre par le poison. || L'empoisonnement était un crime puni de mort (→ Assassinat, cit. 3). || Un empoisonnement par l'arsenic. — Empoisonnement accompagné de sortilège. ⇒ Vénéfice.2 Est qualifié empoisonnement tout attentat à la vie d'une personne, par l'effet de substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou administrées, et quelles qu'en aient été les suites.Code pénal, art. 301.♦ Par anal. || L'empoisonnement de l'air, des eaux… ⇒ Corruption, pollution.♦ Chim. Altération d'un catalyseur, qui en diminue l'activité. || Empoisonnement dû à une altération d'ordre mécanique, d'ordre chimique. || Empoisonnement par altération de la surface (d'un catalyseur solide). ⇒ Poison (infra cit. 8).2 Figuré :3 (…) puis le mariage, ses blessures et ses rancunes, la patience qu'il fallait déployer pour vivre tous les jours avec un être dont il était las depuis des années, l'empoisonnement graduel de sa vie entière.J. Green, Léviathan, IV, p. 31.♦ Spécialt, vieilli. Fait de corrompre (les esprits, les mœurs). || L'empoisonnement de la jeunesse par des doctrines pernicieuses.3 (1946). Fam. Ennui. ⇒ Embêtement, emmerdement. || Un tas d'empoisonnements lui ont gâché ses vacances.4 J'avais déjà suffisamment d'empoisonnements comme ça, vous comprenez, depuis que j'étais arrivé, et même depuis que j'avais reçu cette lettre du notaire (…)Claude Simon, le Vent, p. 75.5 Mme Pradonet racontait de vagues choses de sa vie quotidienne, le propriétaire qui était discourtois, le chat qui était foirard, la clientèle enfantine qui avait du goût pour la mystification et la chapardise; bref, tous les petits empoisonnements d'une vie tranquille.R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 78.
Encyclopédie Universelle. 2012.